Qui n’a jamais vu « Colpo grosso ma non troppo » ?! Pas grand-monde, puisqu’il s’agit du « Corniaud », réalisé par Gérard Oury, sorti en mars 1965. Cette co-production franco-italienne, qui réunit Bourvil et Louis de Funès, est un énorme succès à sa sortie avec 11,7 millions d’entrée (il sera battu un peu plus tard par « La Grande vadrouille » avec le même duo d’acteurs et le même réalisateur et 17 millions d’entrées, record longtemps inégalé).
Gérard Oury signe avec ce film la première superproduction française, véritable road-movie à travers l’Italie, devenue cultissime. Multirediffusé à la télévision, « Le corniaud » est toujours le roi de l’audimat, 60 ans après sa sortie.
À l'origine de ce scénario, un fait divers qui a marqué le réalisateur. En 1962, Jacques Angelvin, un présentateur de télévision, est interpellé aux États-Unis alors qu'il conduit une Buick en provenance de France, remplie d'héroïne pure. Angelvin soutient avoir été piégé. Par la suite, Gérard Oury se remémore un voyage qu'il a fait en Italie dans les années 50. Et voilà : il a trouvé la trame de son scénario et l’essentiel du tournage se déroulera dans la péninsule.
Le pitch : Antoine Maréchal (Bourvil), brave représentant de commerce, est utilisé à son insu par Léopold Saroyan (De Funès), riche homme d’affaire et trafiquant, pour convoyer une Cadillac qui dissimule une précieuse cargaison d’héroïne, d’or et de pierres précieuses volés (dont le fameux diamant « Youkounkoun »), du port de Naples à Bordeaux, pour le compte de riches américains. Cette virée en Italie est "offerte" à Maréchal par Saroyan pour le dédommager de la destruction de sa 2 CV lors d’un accident (« Maintenant elle va marcher beaucoup moins bien, forcément » !).
Maréchal récupère la Cadillac à Naples et le road-movie peut commencer. Le « corniaud » ne se doute pas qu’il est surveillé tout le long du trajet par Saroyan et qu’il est également suivi par Mickey, dit « le bègue », chef d’une bande rivale italienne qui convoite la cargaison.
Le tournage commence en Italie le 31 août 1964. Le périple d’Antoine Maréchal débute à la gare maritime du port de Naples, où il récupère la Cadillac pendant que Saroyan l’observe depuis les abords du Castel Nuovo.
Puis il se rend dans le centre historique, passe par la Piazza del Plebiscito. Maréchal a retenu une chambre au Grand Hotel Vesuvio, via Partenope qui constitue le front de mer de Naples avec la via Caracciolo, qu’il emprunte lorsqu’il quitte la ville.
En route pour Rome, Antoine Maréchal s’arrête à Afragola dont le centre-ville se trouve à un peu moins de10 km de Naples, pour photographier l’église San Marco In Sylvis.
Les scènes à Rome montrent de nombreux sites emblématiques de la ville : la Piazza del Popolo, la Piazza di Spagna avec son majestueux escalier menant à l'église de la Sainte-Trinité-des-Monts, la célèbre Via Veneto, le Colisée, l'Arc de Constantin, la Piazza Navona, ainsi que les vestiges du temple de Vénus et de Rome à proximité du Forum romain.
C’est à Rome qu’Antoine Maréchal rencontre Gina, une manucure qui va gentiment l’utiliser pour rendre jaloux son fiancé, un ombrageux sicilien. Une scène se déroule dans le fameux restaurant Casina Valadier, dans le parc de la Villa Borghese.
La Cadillac est ensuite volée par le bègue et sa bande, sous les yeux de Saroyan, qui, accompagné de ses deux complices, s’empresse de les suivre. La course poursuite qui s'ensuit traverse les rues de Rome, notamment la place du Capitole, et continue à travers la campagne romaine, se concluant par des échanges de tirs qui immobilisent le véhicule.
Les deux bandes s'affrontent dans les jardins de la Villa d'Este, à Tivoli, située à environ trente kilomètres de Rome. Saroyan et ses hommes de main prennent le dessus. Sarroyan ramène alors la Cadillac à l’hôtel avant que Maréchal s’aperçoive du vol, et on en profite pour admirer la place Saint-Pierre, la Via della Conciliazione qui relie le Castel Sant’Angelo au Vatican, le château Sant’Angelo et le pont du même nom.
Puis poursuivant sa mission, Antoine Maréchal quitte Rome avec Gina. Le trajet se déroule entre Rome et Sutri, petite ville de la province de Viterbo dans le Latium à une cinquantaine de kms au nord de Rome. Mais le fiancé les rattrape dans son Autobianchi Bianchina jaune, et Gina, finalement, choisit de rejoindre son sicilien. Elle laisse Antoine en compagnie d’Ursula, une autostoppeuse allemande.
Ces derniers visitent la Toscane, traversent San Gemignano, font une halte dans un camping où le bègue s’incruste et devient passager de la Cadillac. Le trio s’arrête devant la tour de Pise puis poursuit son chemin en direction de la frontière française. C’est là que Mickey tente de se débarrasser de Maréchal.
En réalité, la scène du plongeon d’Ursula pour sauver Maréchal a été tournée dans le Latium, dans les falaises entre Sperlonga et Gaeta. C’est aussi à cet endroit que Maréchal jette à la mer la batterie de la Cadillac remplie de bijoux (on ne s’embarrassait pas de considération sur l’environnement à l’époque).
Maréchal reprend la route seul, après qu’Ursula ait jeté l’éponge, fatiguée de ce voyage plein de péripéties. Il roule le long d’Ospedaletti, en Ligurie, et arrive enfin à Menton… et le reste du film se déroule en France, principalement à Carcassonne.
En résumé, « Le corniaud » constitue un véritable hommage touristique à l’Italie. On y voyage pendant environ une heure et demie. Le film se déroule sous un soleil radieux et un ciel bleu azur, nous convainquant que cet été était enchanteur, à l’image de l’été idéal que l’on associe à ce pays. Pourtant, la réalité est bien différente : la majorité des scènes a été filmée en automne, dans des conditions éprouvantes, nécessitant de composer avec les caprices de la météo.
Ajouter un commentaire
Commentaires